Général Pierre MENGUS


Magnifique officier aux qualités militaires élogieuses, le Lieutenant-colonel Pierre MENGUS prend le commandement du “35” arrivant d’Allemagne et le forge rapidement en un formidable outil de combat parachutiste. Adoré de ses hommes, qu’il appelait mes garçons, il a su les transcender pendant ses quatre années de commandement pour donner une âme et un esprit de corps au 35e RALP qui, transmis par ses successeurs, perdurent encore aujourd’hui. 

Premier chef de corps du 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste et personnalité éminente de la vie tarbaise, le général Mengus est décédé le 20 mai 1987 à Ibos près deTarbes. Il venait d’avoir 86 ans.

 

Voici un bref rappel de son histoire.

Pierre Mengus est né le 3 avril 1901, à Morhange, en Moselle. Diplômé Ingénieur de l’École des Arts et Métiers de Châlons sur Marne à l’âge de 20 ans, classé « bon pour le service armé », il renonce à son sursis et est incorporé au 39e Régiment d’Artillerie de Campagne le 7 avril 1921 avec le grade de 2e classe. Promu brigadier, puis nommé maréchal des logis en janvier 1922, il est admis à suivre le cours des EOA à l’École de Fontainebleau le 3 avril suivant.

Nommé sous-lieutenant de réserve le 10 octobre 1922, à sa sortie d’École, il sert à l’Armée du Rhin, en occupation de la Ruhr, dans les rangs du 8e RA.

Après un court séjour dans ses foyers, il est rappelé en août 1923, puis admis en stage d’activité d’un an au titre du 32e RA qu’il rejoint dans les pays rhénans.

Muté au 9e RAD, le 1er octobre 1924, il est dirigé sur le Maroc le 13 juillet 1925, débarque à Oran et rejoint Oujda.

 

LA CAMPAGNE DU MAROC (1925–1927) 

Le lieutenant Mengus participe aux engagements du Front Nord du Théâtre d’Opérations pendant deux ans, et successivement dans les régions de Marougd, Bale-Taza, des Tsouls, de Branes, de la Chaouia, de l’Ouizert, du Haut-Kert, et dans la tache de Taza. Dans ce dernier secteur, il est observateur à la 2e escadrille du 37e RA.

Il est cité à deux reprises. Blessé, alors qu’il sert à la 4e Batterie du 64e RAD, il est rapatrié sur la Métropole à la fin de 1927.

Le choix de sa carrière est fait.

Nommé sous-lieutenant d’active, le 1er octobre 1927, il est affecté au 41e RAD de Périgueux (il sert aux 14e et 16e Batteries). Entre-temps, il est promu lieutenant à titre définitif.

A l’été 1934, il est muté au 155e RA à Haguenau et prend le commandement d’une batterie peu avant sa promotion (au choix) au grade de capitaine.

En avril 1938, il débute un temps en État-Major, à l’Artillerie de la 15e Région.

 

LA CAMPAGNE DE 39-40

Le 2 septembre 1939, le capitaine Mengus est mobilisé comme chef d’Etat-Major de l’Artillerie Divisionnaire 65.

De très brèves et fréquentes affectations émaillent sa carrière durant cette courte période, alors qu’il est promu Chef d’Escadron à titre temporaire :

Janvier 1940      – Commandant le 3/93e RAM à l’Armée des Alpes. Août    1940     – 94e RA, puis 10e RAC, et détaché au dépôt d’Armistice de Fréjus. Novembre 1940 – 61e RA.

En mai 1941, il est muté à l’Etat-Major de la 15e Division Militaire et détaché auprès du commandement de la Marine à Marseille, puis un an plus tard, dans les mêmes fonctions à Casablanca.

Il est promu chef d’escadron à titre définitif le 25 juin 1942.

Le 1er avril 1943, il est affecté au 64e RA à Meknès et prend le commandement du 2e Groupe de ce régiment.

 

LA CAMPAGNE D’ITALIE (1944)

Le 22 juillet 1943, le 64e RA quitte sa garnison. Il franchit les frontières algérienne et tunisienne. Le 28 décembre 1943, le chef d’escadron Mengus embarque à Bizerte, avec son groupe, par le convoi allié N° 13. Trois jours plus tard, il débarque à Naples.

La campagne d’Italie commence. Elle durera neuf mois. Deux brillantes citations dont une attribuée au « Groupe Mengus » seront décernées.

 

LA CAMPAGNE DE FRANCE (1944)

Débarqué à Marseille, le 21 septembre 1944, toujours avec son groupe au sein du 64e RA, il participe à la campagne de France dans le Briançonnais, en appui de la 4e Division Marocaine de montagne.

Le 24 novembre, muté au Centre d’Organisation de l’Artillerie N°201 à Douai, au titre du 15e RA, il quitte son commandement.

Il assume alors la transformation d’un bataillon de marche d’artillerie – mis sur pied au lendemain de la libération de la ville – en Groupe d’Artillerie. Le 1/15e RA naît le 16 décembre.

Début février 1945, il quitte Douai avec son groupe pour rejoindre, dans le Berry, le 15e RA en cours de formation pour devenir artillerie de la 1ère DI.

Le 25 mars 1945, il est promu lieutenant-colonel et prend, quelques jours plus tard, les fonctions de chef d’Etat-Major de l’AD 1.

La 1ère DI rejoint les forces Françaises d’Allemagne, début mai, alors que cessent les combats. Il restera en occupation jusqu’au 15 mars 1946, date à laquelle il est affecté, comme instructeur, à l’École d’Application de l’Infanterie, installée au camp d’Auvours près du Mans.

 

LE 35e RALP (1947-1951)

Le 14 septembre 1946, six mois plus tard, le lieutenant-colonel Mengus est désigné pour servir à la 25e Division Aéroportée stationnée en Afrique du Nord. A Biskra, il deviendra parachutiste.

Le 1er Groupe du 35e Régiment d’Artillerie Divisionnaire – né du 3/15e RA le 1er août 1946 en Allemagne – est alors destiné à devenir unité parachutiste.

Le 25 avril 1947, le lieutenant-colonel MENGUS est affecté au 1/35e RAD, devenu 35e RALP, désormais en garnison à Tarbes, pour en prendre le commandement.

Il l’exercera durant quatre ans.

Il est promu colonel le 1er juillet 1950 et quitte le 35e RALP le 26 mars 1951.

 

L’INDOCHINE (1951 – 1953)

Désigné pour servir en Indochine, au Groupement Léger Aéroporté, le colonel Mengus débarque à Saïgon, le 16 avril. Il est mis à la disposition du général commandant les Forces Terrestres au Nord-Vietnam et exerce le commandement de la zone d’Haiphong. Il s’y verra décerner deux citations à l’ordre de l’Armée.

 

RETOUR EN MÉTROPOLE (1953 – 1956)

Rapatrié en juillet 1953, il devient commandant de l’Artillerie de la 5e DB à Landau au mois d’octobre de la même année.

En janvier 1956, il occupe les mêmes fonctions, cette fois, à la 4e RM à Bordeaux. Le Colonel Mengus atteint la limite d’âge de son grade le 3 avril 1958. Il quitte le service actif. Il se retire à Ibos dans les Hautes-Pyrénées. Il est nommé général de brigade, dans la 2e section, le 1er août de la même année. Le général Mengus, blessé, cité six fois, était commandeur de la Légion d’Honneur depuis 1954, titulaire de la croix de guerre 39-45, des TOE et de la Médaille de la Paix espagnole.

Décédé le 20 mai 1987, il est inhumé à Tarbes après des adieux faits en la collégiale d’Ibos par le 35e RAP et les anciens.

 

LES CITATIONS

 

Au MAROC

Citation à l’ordre du Corps d’Armée, du Groupe de Taza (03.08.1926)

« Jeune officier d’un brillant et d’un allant au-dessus de tout éloge, comme adjoint au commandant de groupe et comme officier de liaison auprès de l’Infanterie, a assuré en toutes circonstances et quel que fut le danger la transmission du renseignement, notamment le 8 mai 1926, sur le Kert, où d’un observatoire avancé très exposé, il a contribué à donner un appui des plus efficaces. »

Citation à l’ordre de la 1ère Division de Marche du Maroc, en date du 22.12.1926

« Jeune officier plein d’activité et d’allant, s’est distingué au cours des opérations des 27 septembre au 7 octobre 1926, en assumant avec intelligence et initiative la liaison avec les unités avancées. »

En ITALIE

Citation à l’ordre du Corps d’Armée, du Général Giraud, commandant en chef, en date du 24.04.1944

2e Groupe du 64e RAA.

« Magnifique Groupe qui, sous le commandement du chef d’escadron Mengus, a fait preuve, au cours des opérations du Belvédère et du Cole Abate, du 25 au 31 janvier 1944, d’un allant magnifique et d’une endurance remarquable. Bien que soumis à de violents bombardements, a continué jours et nuits sa mission, en tirant des milliers de coups par vingt-quatre heures. A causé de lourdes pertes à l’ennemi et montré un bel exemple de solidarité au combat. »

Citation à l’ordre de l’Armée, du général Juin, commandant le Corps Expéditionnaire Français, en date du 22 juillet 1944.

64e Régiment d’Artillerie.

« Splendide Régiment d’Artillerie, en campagne depuis six mois, a acquis une remarquable aptitude manœuvrière et prouvé sa valeur technique et sa combativité. Sous les ordres du colonel Latarse, ses groupes commandés par les chefs d’escadron Piroth, Mengus et Moraillon, a d’abord assuré pendant la période délicate de la préparation de l’offensive, la défense du secteur de l’Ornito, du Cerasola, du Garigliano et du Sujo. Après avoir participé à l’opération de rupture sur le Faito et le Girofano, le 64e RA agissant par ses feux efficaces, a appuyé la progression de l’Infanterie sur l’Ausonia et la Bastia. Les 30 et 31 mai, en position très avancée, il agit à vue sur des chars ennemis et en met plusieurs hors de combat. Depuis le début de la campagne, le 64e RA a perdu 6 officiers, 23 sous-officiers et 100 canonniers. Pendant la même période, il a tiré 314000 obus ».

En INDOCHINE

Citation à l’ordre de l’Armée, du Ministre de la Défense, en date du 22 décembre 1952.

« Chef ardent, de haute valeur, animé du plus bel esprit militaire, n’a cessé de déployer une activité incessante et constructive dans le commandement de la zone importante de Haïphong. S’est fait particulièrement remarquer lors de l’opération de nettoyage du sous-secteur de Trinh Xa, en juillet 1951, et celle d’assainissement “Clotilde”, dans la région de Huong Bi, en décembre 1951, où son dynamisme exceptionnel, sa sûreté de jugement et son sens aigu de la manœuvre ont porté des coups redoutables au potentiel Vietminh. »

Citation à l’ordre de l’Armée, du Ministre de la Défense, en date du 15 juillet 1953.

« Commandant la zone d’Haïphong, a continué à faire montre, en dehors de ses qualités proprement militaires, d’un sens politique remarquablement avisé. A mené une lutte continue contre les éléments Vietminh, infiltrés et régionaux, marquée en particulier par le nettoyage de la “Tête de Vipère” (décembre 1952 – janvier 1953). Lors de l’attaque en force de Kien-An, les 21 et 22 avril 1953, a réussi à encercler un bataillon rebelle, causant à l’adversaire d’importantes pertes ».