1873 – La naissance du régiment


En exécution du décret du 29 septembre 1873 la ville de Vannes voit l’occasion de relancer son économie. Elle négocie l’implantation de régiments et s’engage en 1873 à mettre à disposition de l’armée des terrains nécessaires à l’installation de casernes et de champs de manœuvres. Le 29 septembre 1873, la municipalité décide de l’apport de 28 hectares de terrain. Le 7 octobre, à peine trois semaines plus tard, il est créé le 35e Régiment d’Artillerie.


L’année 1873 est celle de la réorganisation pour les forces françaises après la défaite de 1870 qui a marqué les esprits avec le syndrome des « Provinces perdues » de l’Alsace et de la Lorraine qui ne s’effacera pas de sitôt.

L’heure de la revanche sonnera plus tard mais dès 1873, la IIIe République s’attache à préparer l’armée nationale à cette revanche, en faisant notamment passer le nombre de ses régiments d’artillerie de 30 à 38. C’est dans cette dynamique que le 35e Régiment d’Artillerie est créé à Vannes. Sous le commandement du colonel de NOÜE, les premières unités voient le jour entre octobre et décembre 1873.

L’instruction ministérielle du 7 octobre 1873, en exécution du décret du Président de la République du 28 septembre de la même année, prescrit le partage de la France en dix-huit régions militaires. À chacune d’elles est attaché un Corps d’Armée comprenant, en particulier, une Brigade d’Artillerie à deux Régiments.

La Bretagne constitue la 11e Région Militaire (RM) et, nouveau-né, le 35e Régiment d’Artillerie (RA) constitue avec le 28e RA de Rennes la 11e Brigade d’Artillerie du 11e Corps d’Armée.

Un conseil d’administration du Régiment est créé par l’Intendant de Vannes qui lui confie la mission de mise sur pied du Corps à partir de batteries prélevées sur des régiments existants. Ce conseil comprend cinq officiers dont le chef de corps.

Les 1ère et 2e Batteries du Régiment sont mises sur pied à partir des 7e et 10e Batteries du 10e RA de Rennes (créé en 1830), cédant au 35e RA 182 hommes et 90 chevaux. La 7e Batterie a participé à la campagne d’Italie (1860). Sans être engagée à Solférino, elle n’en est pas moins présente en tant qu’unité en réserve.

Le 31 août 1870, cette batterie fournit, avec le 10e RA, les appuis à la division d’infanterie lors du combat de Bazeilles pendant lequel elle subit de lourdes pertes. Elle est alors faite prisonnière avec le reste du Régiment.

Les 3e et 4e Batteries sont mises sur pied à partir des 7e et 10e Batteries montées (182 hommes et 94 chevaux) du 22e RA de Versailles (créé en 1870). Le 22e RA est fait prisonnier l’année de sa création. Les 5e et 7e Batteries sont mises sur pied à partir des 7e et 10e Batteries (180 hommes et 92 chevaux) du 25e RA de Vincennes (créé en 1872).

La 7e Batterie du 25e RA a participé à la campagne du Mexique (1863-1867) où elle débarque le 18 juin 1863. Elle s’installe d’abord à Mexico, puis à 100 kilomètres au nord de cette ville. En avril, mai et juillet
1864 elle participe à de violents combats. Elle appuie efficacement les unités au contact en janvier, février et mai 1865. Elle regagne la France en 1867. En 1870, elle réussit à échapper à la captivité, ce qui lui vaut de participer, sans grand enthousiasme, à la répression de la Commune de Paris (Buttes Chaumont).

La 12e Batterie du 35e RA est mise sur pied à partir de la 14e Batterie (90 hommes et 54 chevaux) du 7e RA (créé en 1816). Les 13e et 14e Batteries du 35e RA sont mises sur pied à partir des 13e et 14e Batteries (155 hommes et l08 chevaux) du 28e RA de Rennes créé en 1872. La 13e Batterie participe aux combats de Solférino (1859) où elle se distingue notamment par des tirs de contre-batterie précis et meurtriers sur les positions autrichiennes. Les 15 et 16 août 1870, elle participe aux combats de Rezonville où elle est chargée par les Uhlans et faite prisonnière après un corps à corps acharné.

Toutes ces batteries rejoignent le 35e RA à Vannes entre le 31 octobre et le 5 décembre 1873 avec des matériels qui ont connu la défaite de 1870. Le premier semestre de 1874 est mis à profit pour uniformiser les matériels, incorporer les hommes, réceptionner les travaux et percevoir les équipements. Le Régiment réalise ses premières EAF en mars et avril 1874. Le 24 juillet une inspection générale marque la fin de cette phase de mise sur pied.

Équipé de canons 90 mm DE BANGE, il compte alors un effectif de 817 hommes et 435 chevaux répartis en 6 batteries montées et 3 batteries à cheval.


Canon de 90 de Bange

Canon de 90 en 1898. Peinture d’Étienne-Prosper BERNE-BELLECOUR.
Système de Bange.

Son concepteur Charles Ragon DE BANGE était un polytechnicien et colonel de l’artillerie, directeur de l’atelier de précision du dépôt central de Paris. La culasse coulissante à vis interrompue en forme de champignon était complètement étanche et son système est toujours celui qui est utilisé de nos jours, mais le recul non maîtrisé empêchait un tir réellement rapide. Il fallait remettre à culée après chaque tir.

Concepteur  Colonel Charles RAGON DE BANGE
Année de conception  1877
Constructeur Anciens Établissements Cail (Paris 18e)
Exemplaires produits 3 994
Poids du canon seul 530 kg
Poids du canon et de l’affût
  • 1 210 kg (Affût de campagne)
  • 1 648 kg (Affût de siège et de place (SP) avec roues de 95)
  • 1 756 kg (Affût de siège et de place (SP) avec roues Arbel)
Longueur du canon seul 2,28 m
Longueur en calibre L/25.58
Longueur du canon et de l’affût
  • 4,75 m (Affût de campagne)
  • 5,4 m (Affût de siège et de place -SP-)
Support
  • Affût de campagne Mle 1878
  • Affût de siège et place (SP) Mle 1880
Calibre 90 mm
Cadence de tir 2 coups / min
Vitesse initiale 455 m/s
Portée maximale
  • 6 890 m (Affût de campagne)
  • 7 600 m (Affût de siège et de place)
Munitions Obus à gargousse de 7,95 kg (ordinaire en fonte) à 8,785 kg (obus de 4 1/2 calibres)
Alimentation Chargement manuel par la culasse
Hausse
  • −6° à +25° (Affût de campagne)
  • −10° à +40° (Affût de siège et de place (SP)
Azimut
  • 81° (Affût de campagne)
  • 81° (Affût de siège et de place)

 

Mécanisme
  • Tube à frettes
  • Culasse à vis système De Bange
  • Mise à feu par étoupille et cordon de tir
Syst. d’absorption du recul
  • Frein hydraulique modèle 1883 sur affût de siège et de place (SP)
  • Frein à corde type Lemoine modèle 1888
Pas de rayure 28 rayures à pas progressif inclinées à 7°
Servants 5
Organe de visée Réglette de pointage
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